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Edith Delarue

Autrice

Are you a dog man? Edith Delarue Théâtre

Are you a dog man?

Pièce pour

3 femmes

Léa

Anne

Une étudiante. (Anne et l’étudiante peuvent être jouée par la même personne.)

 

4 hommes

HM : Un homme d’un âge déjà avancé. Parle anglais.

Le narrateur

Paul

Un jeune homme.

2012 Lecture publique au Petit Truffaut (Paris) 

Mis en lecture Benoist Brumer

Avec Philippe Cheyton, Eric Kailey, Murielle Vincent

Cie Keras

le 28 octobre

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Résumé

Sur un quai de métro, les gens passent. D’autres restent. Les pensées se croisent, s’attardent, se perdent, se mêlent, s’entremêlent.

Paul rentre du travail. Un clochard l'interpelle. Il croise son ex. Sa femme lui fait une scène. Une bague tombe. A moins que tout cela ne soit que dans sa tête. 

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Extrait

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Paul : Anne !

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Le narrateur : Le clochard est toujours là.

 

Anne : On ne se dit plus bonsoir ?

 

Le narrateur : L’étudiante sur le quai en face n’a pas bougé.

 

Paul :  Non ! Anne !

 

Le narrateur : Il y a quelque chose que Paul aimerait comprendre.

 

Paul : Raconte-moi les détails.

 

Le narrateur : La couleur de ses sous-vêtements.

 

Paul : Je veux savoir.

 

Le narrateur : Le poids des valises !

 

Paul :  Dis-moi !

 

Le narrateur : Étaient-elles plus lourdes que la peine ?

 

Paul : Raconte-moi !

 

Le narrateur : Le temps, la pluie sur ses vêtements ?

 

Paul : Il pleuvait.

 

Le narrateur : Forcément, il pleuvait, ce jour-là.

 

Anne : Non, Paul. Souviens-toi ! Il ne pleuvait pas.

 

Le narrateur : Très bien, il ne pleuvait pas ! Admettons qu’il ne pleuvait pas. Si seulement elle lui avait parlé.

 

Anne : Pour dire quoi ?

 

Le narrateur : Qu’elle ne l’aimait plus. Qu’il y avait un autre homme…

 

Anne : Tu aurais préféré ? Que je ne t’aime plus ? Qu’il y ait un autre homme ?

 

Le narrateur : Au moins il aurait su. Peut-être qu’il n’y avait pas d’autre homme. Peut-être qu’elle l’aimait encore. Peut-être qu’il pleuvait ce jour-là ou était-ce un autre jour ?

 

Anne : Tu étais en retard, Paul. Tu n’étais pas là.

 

Le narrateur : D’où lui vient cette idée ? S’il avait été en retard, Anne aurait crié. Elle aurait dit quelque chose. Les femmes sont censées faire ça, nous alerter, nous mettre en garde contre nous-même. Même si ces crises sont insupportables, elles sont nécessaires.

 

Paul : Anne. Tu n’as rien dit. Je n’avais aucun moyen de savoir avec toi. Tu étais exaspérante de silence. Toujours calme. Toujours conciliante.

 

Le narrateur : Et un jour voilà ! Elle a laissé la bague qu’il lui a offerte pour leurs fiançailles sur la table.

 

Anne : C’était la bague de ta grand-mère.

 

Le narrateur : Avant de partir, elle l’a retirée de son doigt. Elle l’a regardée une dernière fois et elle l’a posée sur la table, à côté de la porte, près de l’entrée, celle où il avait l’habitude de mettre ses clefs, le soir, en rentrant chez eux. Une fois la porte tirée, elle a senti son doigt nu, plus léger, le vent le caressait. Son idée était que la première chose qu’il trouve en rentrant, ce soir-là, soit la bague avec laquelle il l’avait demandée en mariage. Elle l’a posée dans le silence, et a laissé le silence dans la pièce.

 

Paul : Tu voulais me faire mal. Pire qu’une maison vide. Notre bague posée sur la table. Tu n’as rien emmené de ce qui compte.

 

HM: Girls are shit!

 

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